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11 août 2020 2 11 /08 /août /2020 13:22

 Une promenade « verte » autour de la gare

 Les arbres voyageurs s’arrêtent à Romans 

Samedi 8 août l’association de la sauvegarde du patrimoine organisait une visite en ville sur un thème original et bucolique : depuis longtemps les Romanais se sont intéressés aux arbres exotiques qu’ils ont plantés dans leur jardin, sur les places, le long des rues. La promenade, animée par Nicole Collus et Lucien Dupuis permettait de découvrir une douzaine d’espèces.

C’est l’ancien proviseur du lycée Albert Triboulet qui précisait d’entrée que l’idée de cette sortie était à l’origine de Françoise Gardel. Lui-même ayant beaucoup vécu à la campagne se passionnait pour le sujet, d’abord au sein de l’association Universitaire d’Etudes Drômoises avec le thème des « arbres de la liberté » qui, en fait, furent plantés bien après la grande Révolution, au moment de celles de 1830 et 1848. Mais ces arbres ont connu un sort aléatoire, nous dit Lucien Dupuis : « Plantés par des municipalités de gauche, ils furent ensuite parfois coupés par leurs successeurs de droite qui détestaient ce symbole. Et, à Romans… il n’en subsiste aucun ». L’ancien enseignant s’est ensuite intéressé à d’autres arbres pour un inventaire « Beaux Arbres de la Drôme », livre illustré qui est épuisé mais que l’on peut consulter à la médiathèque

 

Le Magnolia

Place Carnot

Son arrivée en France est à l’origine d’une petite légende : en 1711, le gouverneur de la Louisiane avait envoyé des plans de cet arbre, qui, arrivés en Bretagne et convoyés à Nantes, avaient été plantés sans succès dans les serres. Aussi, le jardinier en jeta les plans sur un tas de fumier. Sa femme eut alors l’idée de les reprendre et de les mettre dans son jardin et… elle obtint un spécimen magnifique.

L’arbre tient son nom du botaniste montpelliérain Magnol.

L’exemplaire de la place Carnot a sans doute plus d’un siècle, les champs qui se trouvaient là ont été transformés en 1864 avec l’arrivée du chemin de fer.

Le Marronnier d’Inde

Place Carnot

Comme son nom ne l’indique pas, cet arbre ne vient pas d’Inde, mais a été importé par la Compagnie des Indes qui commerçait avec l’orient. Il fut introduit en 1615 en provenance d’Albanie ou du Nord Grèce.

Les marrons  d’Inde ne sont pas comestibles mais sont utilisés en pharmacologie.

Son ombre est nocive, prétend-on.

 

 

 

Le Cèdre du Liban

Place Carnot

Cette espèce particulière de cèdre fut importée, selon la légende, dans le chapeau du botaniste Bernard de Jussieu en 1734.

Ce bel arbre a connu une vogue et a beaucoup été planté fin 19e et au cours du 20e siècle. On en trouve beaucoup à Valence, dans le quartier du lycée Camille Vernet.

Il faut remarquer encore place Carnot, en complément de ces trois arbres, un magnifique platane, très courant à Romans et en Drôme, et caractéristique de nos régions pour les gens du Nord.

On le recherche pour son ombre, que l’on obtient par un large étêtage.

Une longue plantation en fut réalisée à Buis-les-Baronnies, en 1801, pour fêter, selon la légende, la naissance du roi de Rome.

Son bois à l’aspect noyer satiné est précieux pour les ébénistes.

Le Liquidambar

Boulevard Jean Moulin

De l’autre côté de la voie ferrée, par le passage inférieur, c’est au tour de Nicole Collus de nous faire partager sa passion.

L’étymologie est trompeuse et n’a rien à voir avec une quelconque boisson : liquide, oui, mais : ambar, ambre en arabe, car sa résine a une odeur de cannelle. Le liquidambar d’Amérique fut découvert en 1528 par les conquistadors, importé en Angleterre en 1681. Il faut attendre 20 ou 25 ans avant qu’il ne fleurisse et il est donc peu planté. Mais il pousse assez vite et sa vie est de 150 ans.

Le Gattilier ou  « Poivre des Moines »

Boulevard Jean Moulin

Non loin de la voie ferrée, là encore. On en tire une épice nommée poivre des moines, réputée calmer les ardeurs sexuelles, en anglais : « chaste tree ».

 

 

 

 

Le Savonnier

Rue Bouvet

Il est aussi appelé « arbre aux pluies d’or », tant ses pétales jaunes sont nombreux et donnent de jolis effets colorés lorsqu’ils tombent.

Il provient de Chine. La saponine est présente à raison de 8% dans son écorce et son fruit. D’où le nom de l’arbre. Mais elle est inutilisée en Europe. En Chine on en fait du shampoing.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Ginkgo biloba

Rue Bouvet

Son ovule, ginkgo en chinois signifie : abricot d’argent. Sa feuille a la particularité d’être à aiguilles et formée de deux lobes, biloba.

C’est un arbre très ancien qui remonte à l’ère secondaire (270 millions d’années). Il a supporté tous les bouleversements climatiques, et a même réussi à se reproduire sur le site dévasté de la bombe atomique d’Hiroshima.

On le trouve dans les temples japonais comme symbole de longévité. Il résiste aux maladies, aux variations de températures et au feu. Il fait monter sa sève jusqu’à ses feuilles pour se protéger des flammes et on l’utilise comme pare-feu dans le midi. (On parle aussi d’un gaz qu’il sécrèterait et qui l’envelopperait.)

Introduit à Montpellier en 1778 et en 1795 à Paris, il ne se reproduisait pas. Il fallut pour cela qu’on greffe un rameau femelle en 1835. On l’appelle aussi familièrement «  40 écus » car un malin l’avait acheté pour cette somme dérisoire à un botaniste anglais enivré.

Petite particularité : l’ovule femelle est très malodorant. Le bois de Ginkgo biloba est utilisé en Chine et le noyau de l’ovule sert de dragée. Cet arbre s’auto renouvelle.

L’Ailante

Rue Gaillard

Il provient de Malaisie et du Japon. Il fut introduit pour la culture du ver à soie, mais ce fut un échec. Ses feuilles mâles sont malodorantes et toxiques, sa sève irritante. Il est aussi envahissant. Cependant, il a le mérite d’être résistant à la sécheresse et peut s’avérer utile pour stabiliser un talus.

 

Le Robinier ou pseudo acacia

Rue du réservoir

Il offre un bel ombrage et ressemble à un acacia. Il doit son nom à Jean Robin, botaniste à Paris sous les règnes d’Henri III, Henri IV et Louis XIII. Robin reçut les graines d’un ami anglais, et les sema en 1601.

Le bois de robinier, imputrescible, sert à faire des piquets pour les retenues de terre ou du mobilier de jardin. Ses fleurs sont comestibles sous forme de beignets ou dans des gâteaux. Il sert à produire ce que l’on dénomme communément miel d’acacia.

Une intéressante visite, qui nous donne un autre regard sur la ville, limitée à un périmètre raisonnable, faite par des bénévoles de Sauvegarde du patrimoine passionnés.

Claude Ferrieux

 

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