Publié sur la revue "Les Brèves du P'tit Pavé" (par les éditions du même nom) voici un texte poétique d'Yves Maurice auquel on ne peut qu'adhérer.
Bonne lecture !
Publié sur la revue "Les Brèves du P'tit Pavé" (par les éditions du même nom) voici un texte poétique d'Yves Maurice auquel on ne peut qu'adhérer.
Bonne lecture !
Depuis que je suis en retraite, chaque jour, je plonge quelques minutes dans le Lagarde et Michard. Longtemps, j'ai feuilleté au hasard, passant d'un genre à l'autre, sautant les siècles. Puis l'envie d'une approche plus suivie m'est venue. Je viens de terminer une lecture complète du volume concernant le 17e siècle. Que m'en reste-t-il ? Une foule de détails, de longs moments d'une rare beauté, et, je n'ai pas peur de le dire, au risque de faire sourire à notre époque d'influence anglo-saxonne, une certaine fierté d'avoir pour langue maternelle, celle d'une si belle littérature.
J'ai eu aussi quelques surprises. Celle, par exemple, de découvrir qu'un auteur aussi consacré que Corneille, avait pu, de son vivant, souffrir parfois, du dédain et de l'abandon de ses contemporains.
J'ai aussi été séduit par Mme de Sévigné. Sa vivacité, son humour, son autodérision m'ont vraiment diverti, surtout parce qu'elle caricature certains de ses propres défauts qui sont exactement les miens. Vraiment inattendu !
Je vais visiter maintenant le 18e s. mais je me remets à batifoler.
je n'aime pas lire des commentaires traduisant des réactions épidermiques de lecteurs à propos de mes propres écrits. Je ne prends pas le clavier pour descendre Jérôme Ferrari. Prix Goncourt, bravo ! Respect ! J'aime la puissance de l'évocation de la Corse intérieure, le style fort, la culture de l'auteur. Cependant, un beau livre, selon moi, doit stimuler mes pensées, éveiller mon imaginaire : je fais des poses, reprends la lecture, or, des phrases interminables m'obligent à des efforts de relecture qui me lassent. Je me sens ébloui par cet ouvrage, tellement ébloui que j'ai l'impression de finir aveuglé. J'aime bien m'habituer aux personnages, les retrouver, suivre une chronologie tranquille, mais j'ai l'impression dans Le Sermon sur la chute de Rome qu'on a mis les chapitres dans un panier à salade et qu'ils en sont ressortis au hasard. J'ai sûrement tort, mais très vite, je ne sais plus qui sont les personnages, je reviens en arrière : Marcel, c'est qui ? à quelle époque ? puis je me lasse, j'abandonne, je laisse aller, je m'en fous. Idem les références mythologiques ou antiques : pour certaines, je me lève, vais au dico, à Wiki, puis ras le bol, je laisse courir (l'éditeur ne pourrait-il ajouter des petites notes ? Est-ce incompatible avec la qualité du texte ?) Le lecteur aime comprendre, se sentir intelligent, ici, on ressort plutôt crétin. Le racisme ? L'ostracisme anti-sarde ? Je me dis : l'auteur est tellement intelligent qu'il faut nécessairement lire au second degré, pourtant, de simples guillemets, parfois, permettraient de se sentir parfaitement rassuré.
Un livre qui déroute, agace, va quand même souvent de pair avec une grande qualité.
J'invite à découvrir un bel extrait de "Le voyage des sternes" de Pierre François Ghisoni. (La scène se situe au Canada.)
Réjane leva ses yeux au ciel. Elle en aimait la beauté profonde et bleue, mais plus que tout, elle aimait les nuages qui racontent de si belles histoires à qui sait les regarder. Les nuages ont des destins étranges. Ces gros timides… à peine osent-ils se montrer au monde qu’ils se recroquevillent en une masse indistincte. Pourtant, au vrai d’eux-mêmes, ce sont des canards, des corps de géants, des silhouettes animées, des poissons fugitifs, des objets oublies, des pipes, des balais, des femmes échevelées, ou de gros bonshommes essoufflés. Chacun vit sa pantomime, et tous ont de merveilleux récits dans leur bissac, des récits à saisir au vol, à condition de se sentir léger, léger, et d’accepter l’envol, avec ses ivresses, et ses risques. Bien peu d’humains sont doués de ce pouvoir. Réjane le possédait au plus haut degré.
Éditions Lettropolis : Le voyage des Sternes.
Je lis en ce moment (et ai envie de faire partager), deux beaux livres. L'un s'intitule : L'Histoire de France vue par les peintres, l'autre : Géographie de France curieuse et insolite.
Suivre l'Histoire de France, des Gaulois à nos jours, par l'image, en découvrant les créations artistiques qui l'ont illustrée, voilà bien ce qu'il convient pour une lecture détendue et relaxante. En plus, les auteurs (Casali, Beyeler), nous initient à une approche "intelligente" des tableaux, tout en relevant, en dépit de leur grande beauté, les anachronismes, les astuces, les procédés, parfois les erreurs. Notre attention est attirée vers des portions découpées dans ces oeuvres, qui permettent une compréhension immédiate des commentaires. On s'aperçoit que beaucoup d'entre elles datent du 19e s.
L'autre lecture (auteur Deslais) qui ne m'intéresse pas moins, revisite la géographie des départements à partir d'une iconographie ancienne, souvent identique à celle qui ornait les salles de classe et les livres de mon enfance (cartes murales en couleur, je ne me souviens pas si les manuels avaient des pages de ce type). Et des anecdotes, des particularités.
Un exemple : je savais bien que le nom Amérique vient d'Amerigo Vespucci, mais j'ignorais que c'est le cartographe vosgien de Saint-Dié Martin Waldseemüller qui plaça pour la première fois en avril 1507 le terme América sur un planisphère (en 1513, il préférera Terra incognita), mais c'est bien le terme Amérique qui sera repris par le célèbre cartographe flamand Mercator.
Mon goût pour l'Histoire, ne fait pas de moi un historien. Je me situe au contraire en consommateur de données rassemblées par d'autres, lorsque je compose des romans historiques ou de petits ouvrages à vocation didactique.
Néanmoins, ma connaissance de l'italien me permet mesurer la part de subjectivité dont se défendent les vrais historiens.
Lorsque j'étais en hypokhâgne, notre professeur d'histoire nous faisait étudier la Révolution française d'après Pierre Gaxotte, dont le point de vue royaliste était notoire. À l'époque, je jugeais ce cours intéressant mais original, pour ne pas dire un peu farfelu. Avec le temps, je crois au contraire qu'il était très formateur en nous confrontant à une étude un peu partisane qui froissait certaines de nos convictions mais nous alertait et formait notre jugement.
Je suis un lecteur assidu de la collection Oscar Storia de l'éditeur Mondadori. Récemment j'ai lu : La dernière croisade, Quand les Ottomans arrivèrent aux portes de l'Europe, de Arrigo Petacco. J'y ai trouvé une vision de François 1er assez différente de celle des ouvrages français. Son alliance avec le sultan turc pour s'opposer à Charles Quint y est jugée irresponsable, au moment où les Turcs avaient pour ambition déclarée de transformer St Pierre de Rome en mosquée. La protection de l'occident chrétien ne sera effective que grâce à la bataille navale de Lépante (1571) gagnée par la flotte chrétienne, en grande part vénitienne, et l'échec turc du siège de Vienne en 1683.
Lors de la bataille de Lépante, selon Arrigo Petacco, le sort du combat s'est joué en partie sur la galère de l'amiral ottoman, où les prisonniers galériens vénitiens ont réussi héroïquement à se libérer et à se retourner contre leurs bourreaux. Le jugement de l'historien est plus sévère à l'encontre des Gênois, qui rompirent les rangs de la bataille pour une inutile poursuite des galères barbaresques échappant au désastre. Poursuite ou fuite ?
Or, voilà qu'à peine quelques semaines après avoir terminé cette lecture, je visite dans un musée français une exposition sur la bataille de Lépante. Je constate qu'on juge le départ des Gênois du lieu de combat, comme une simple péripétie, quant aux galériens vénitiens, ce serait contre la promesse de se battre à leur côté qu'ils auraient obtenu de leurs geôliers d'être libérés de leurs chaînes. De l'héroïsme, nous voici, même si on les comprend très bien, proches du reniement et de la duplicité.
Ambassadeur de la République Consulaire à Madrid, le "citoyen" Lucien Bonaparte, âgé de 26 ans, séjourne moins de douze mois en 1801. Débordant d'activité à l'instar de son frère aîné, il noue des relations amicales et fructueuses avec Godoy et le couple royal, Charles IV et Marie-Louise, qui reste tiraillé entre son amitié pour la France et l'amour paternel et maternel. Leur fille, en effet, est mariée au Régent du royaume Portugal qui, poussé par l'Angleterre, conduit une politique hostile.
Lucien, interprétant les instructions du Premier Consul, fait preuve d'une belle dynamique personnelle, il est sur le point d'obtenir une action militaire espagnole. La conquête du Portugal par l'Espagne aurait fait de ce dernier pays un allié puissant de la France et évité le désastre de la guerre de 1808. Mais, dans son dos à Paris, le poignard du ministre des Affaires Etrangères, Talleyrand, qui, soudoyé, est assez malin pour décourager le futur empereur lui-même.
Personnalité attachante, que Lucien. Il représente la France d'une manière très artisanale. Pas d'ors de la République : un appartement privé à son nom, un secrétaire, un couple pour gérer l'intendance. Une vie de labeur acharné et quelques compensations pour le jeune veuf qu'il est. On parle d'une marquise et d'autres flamboyances très secrètes.
C'est un livre de 1951 paru chez Grasset, que j'ai retrouvé au fond d'un carton dans un appentis de jardin et ai sauvé d'une attaque en règle des fourmis. Il avait été offert par l'éditeur en accompagnement d'une commande scolaire et jamais ouvert. (Ceci était très rare avec mon père et certainement lié à son intense activité professionnelle.)
L'auteur François Pietri, nous fait aimer son personnage, dans une langue châtiée et élégante.
J'ai commencé la lecture de ce bel ouvrage.
La présentation est attrayante, colorée, le récit illustré de notes, vignettes qui montrent ou expliquent.
Très bien. Mais je me suis aperçu que mon plaisir de lecture était autre.
J'y découvre la vie au quotidien d'une compagnie de recrues dans l'attente de la rencontre avec les Prusssiens, marquée par une foule de détails qui répondent à des questions que je me posais.
Encore très bien, mais je me connais.
Lorsque je tourne les pages machinalement et ai envie de reprendre le fil de cette histoire, c'est que quelque chose de particulier m'attire. J'observe et reconnais alors l'écriture soignée, élégante d'Emile Moreau qui fut étudiant en droit puis imprimeur, et se penche sur son passé de jeune lieutenant avec retenue discrétion.
Une belle lecture que je recommande.
Je découvre l'édition numérique avec le CASANOVA de LETTROPOLIS.
Comme je l'ai précisé dans un commentaire posté, c'est pour moi une réussite.
Cette biographie cursive du Vénitien que je connaissais déjà un peu, me paraît être bien adaptée au support.
On ne reste pas des heures coincé devant l'écran.
La présentation graphique permet de s'en éloigner de manière à ne pas fatiguer la vue.
Plus tard, je reprends mes lectures traditionnelles. Beau livre relié cuir, brochures. Souvent, je cherche la lumière, lorsque le pas de caractère est fin, puis ma vue s'épuise et je change de volume.
A une heure où je me sentirais trop las pour continuer à lire, je reviens à mon livre numérique, mon *"OLNI".
Donc, selon moi, grande complémentarité.
*OLNI : Objet Littéraire Naviguant sur Internet