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A propos de " Petite Histoire de la Drôme "

Après la publication de Petite Histoire de la Drôme, j'ai eu l'occasion de rencontrer le public en plusieurs endroits du département et d'observer ses réactions. J'ignorais la façon dont mon livre serait accueilli, et d'une manière plus générale, je découvrais les sentiments des Drômois envers leur propre département. L'ambiguïté que j'avais cru déceler à partir de ma vie quotidienne, s'est trouvée confirmée. Souvent, j'ai entamé des discussions qui ont pu être animées. On allait de la curiosité bienveillante à l'intérêt modéré. Pour passer, aux confins méridionaux, à la méfiance pouvant atteindre l'hostilité déclarée.

Moi, je proviens d'un département, l'Allier, qui, à l'instar de la Drôme et du Dauphiné, est issu d'une province au passé prestigieux, le Bourbonnais, seigneurie puis duché d'une famille qui a donné tant de rois à la France. Annexée à l'Auvergne, puis maintenant à Rhône-Alpes-Auvergne, l'identité bourbonnaise s'affirme, fortement, surtout au cœur du département. Dès qu'on atteint les limites géographiques, l'enthousiasme faiblit. Il suffit de considérer l'Histoire : Vichy resta auvergnate jusqu'au début du quinzième siècle, et Montluçon se revendiqua, à la Révolution, chef-lieu d'un hypothétique département du Haut-Cher. Incroyable, la longévité, la solidité des mentalités et des traditions transmises de génération en génération. (C'est une observation que j'avais déjà faite à propos des langues régionales, sicilienne, corse ou bretonne.)

Pour en revenir à la Drôme, qu'elle soit des collines, du Valentinois, de la montagne ou de la vallée, elle me paraît porter un regard assez distant sur elle-même. Bienveillant, certes. Mais l'approche de son passé ne revêt aucun caractère d'urgence. Que l'on franchisse le Rhône (pour passer en Ardèche), ou la ligne des oliviers, on est carrément en pays différent, pour ne pas dire hostile. Pourtant, nombreux sont les Ardéchois d'origine, immigrés de longue date dans la Drôme. Quant au Sud, qui se dit provençal, sa barrière arborée l'éloigne de Valence. C'est Carpentras, Orange, Avignon qui exercent leur fascination. Mais l'olivier ne délimite que l'influence climatique méditerranéenne. La Drôme provençale n'a jamais appartenu, à l'exception de quelques enclaves, à la Provence. (À moins de remonter, peut-être aux temps antiques ou haut-moyenâgeux.) N'est-ce pas une richesse que d'être Drôme provençale plutôt que Haut-Vaucluse ?

En somme, avant d'être une, la Drôme se morcelle en zones géographiques, puis en innombrables communautés : ardéchoise, arménienne, italienne, maghrébine, turque... etc., sans oublier les différentes religions.

Peut-être peut-on risquer l'idée que les populations ont-été soumises et incorporées rudement au Dauphiné par les comtes d'Albon, puis par les Dauphins et les rois de France.

Je crois quand même utile de se pencher sur le passé pour comprendre le présent.

Claude Ferrieux

Petite Histoire de la Drôme

E & R

La Bouquinerie

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